L’ingénieur Giotto Bizzarrini a débuté sa carrière parmi les plus grands constructeurs italiens des années 60 : Alfa Romeo, Fiat, Ferrari, Lamborghini et Iso Rivolta. Poursuivant sa carrière, il décide en 1964 de créer sa propre compagnie et de produire des voitures de courses, son sujet de prédilection. Avec l’aide financière de Rivolta, Bizzarrini dessine la voiture de ses rêves : l’alliance parfaite d’un moteur Chevrolet V8 et d’une carrosserie en aluminium aux rivets apparents. La première version s’appellera A3/L et sera très vite changée en A3/C (C pour Corsa). A partir de ce moment, une légende était née.
Techniquement, l’A3/C est construite sur le même châssis que l’Iso Rivolta (une autre voiture dessinée par Bizzarrini), mais raccourci. Le moteur est positionné à l’avant mais extrêmement reculé (de 40 cm environ) pour améliorer la répartition du poids de la voiture et arriver à un équilibre 50/50 entre l’avant et l’arrière. La carrosserie est en aluminium, rivetée au châssis (environ 7000 rivets). La voiture est extrêmement surbaissée et peut atteindre une vitesse de pointe de 290 km/h. Ce modèle a été présenté pour la première fois à Turin en 1963 et a participé aux 24h du Mans en 1964 et 1965.
Malgré le vif succès que rencontre ce modèle, Bizzarrini se retrouve submergé financièrement et arrête définitivement sa production en 1969. Il produit en tout une vingtaine d’A3/C et une cinquantaine de 5300 (la version suivante). Cet arrêt précipité entrainera un regain d’intérêt parmi les connaisseurs ; désormais, être le propriétaire d’une « Bizzarrini » est un privilège rare.
Cette voiture a pour numéro de châssis B-0216 et a été vendue neuve en 1965 au concessionnaire allemand Auto-Decker. La voiture est retournée dans les ateliers Bizzarrini dans les années 70 suite à un accident. Le propriétaire décide alors de la rénover suivant les nouvelles normes de la Bizzarrini 5300 et de la peindre en noir.
Peu de temps après, la voiture part aux Etats-Unis, où elle appartiendra à Kevin Rogers et ses partenaires, Scott Stupay et Mark Moshayedi (tous hommes d’affaires et collectionneurs de renom).
En 2013, M. Moshayedi envoie la voiture dans les ateliers de Salvatore Diomante, ancien chef d’atelier de Giotto Bizzarrini, pour une rénovation complète. La voiture retrouve sa configuration ainsi que sa couleur d’origine : vert pomme (la fameuse couleur Mela Verde des ateliers Lamborghini).
Cette voiture est remarquable aussi bien au niveau esthétique que mécanique. Sous le capot, on retrouve un moteur de 400 CV. Elle est, de plus, extrêmement bien documentée et fait l’objet d’un article dans le magazine Classic & Sports cars d’avril 2015.
Giotto Bizzarrini réussit un incroyable challenge en tant que constructeur indépendant. Sa production fut certes éphémère mais exceptionnelle. Il ne créa pas seulement l’une des plus belles voitures de course, il créa une légende.